Débordements - Florent Lamouroux                     2020 à l'écoMusée


Situé à la confluence de La Vienne et de La Loire, le bocage de l'écoMusée se trouve en zone inondable. Par temps de crue, l'eau recouvre la surface de la terre et reflète çà et là des morceaux de ciel. Cette pellicule trouble et sombre redéfinit les formes et les limites d'un territoire dès lors plus tout à fait familier.

 

La rivière fait ainsi peau neuve en se lavant de ses nombreux déchets qu'elle dépose plus loin sur la terre. L'autre partie de la pollution plastique est alors évacuée vers l'Océan. Les boules à neige, déposées sur le sable de Loire, sont une représentation ironique de ce que l'on nomme aujourd'hui le 7ème continent, territoire abstrait mais bien réel, composé de microparticules de plastique agglomérées.

 

En détournant cet objet phare des « souvenirs de voyage », sorte de microcosme de plastique baigné de neige artificielle, Florent Lamouroux en propose une représentation décalée et symbolique. Le processus de réalisation tout aussi important que l'objet final.

 

Lors de sa résidence à l'écoMusée, Florent Lamouroux collecte le plastique des boules à neige sur les bords de Vienne en crue. Il découvre une barrière routière en plastique rouge déposée par le courant sur les hauteurs d'une presqu'île.

 

Cette découverte incongrue incite l'artiste, grâce à un procédé de transformation et de recyclage, à transposer la barrière, devenue élément de clôture, dans le bocage.

 

"Pour accéder à ce monticule de terre en partie immergé, il faut passer par un banc de sable affleuré par l'eau. A cet endroit précis, la terre et la végétation se confondent avec le ciel dans un contraste assez tranché. Ce paysage photographié, est transposé sur une bâche plastique noire thermo rétractable. Ce film plastique, tendu sur du bois flotté, ne laisse entrevoir du paysage que des limites abstraites, celles d'un fond qui semble peu à peu recouvrir un sujet déformé en passe de disparaître."

Par extension du travail mené sur cette pièce, l'artiste prolonge ses recherches sur le corps et le territoire en modelant une pièce intitulée, non sans ironie, Terre cuite/ Terre-crue. Cette sculpture-maquette représente un corps de terre en partie émaillée qui s'enfonce dans son socle, rempli de bitume liquide. Cette association de matériaux naturels et pétrochimiques revêt une symbolique forte. Elle illustre les rapports que l'Homme entretient avec son environnement autant que les effets du changement climatique.

 

Les Cartographies font partie intégrante de ses recherches sur la représentation anthropomorphique du paysage. L'artiste détourne les codes de la cartographie 3D pour les transposer au corps féminin dont les courbes décomposées en strates, sont immergées par le bitume. Pour l'artiste, ce matériau d'origine naturelle issu de la décomposition des couches sédimentaires n'est pas choisi au hasard.

 

S'appuyant sur le phénomène naturel de la crue, Florent Lamouroux pose un regard singulier sur notre environnement et sur la manière dont nous le percevons et l'habitons.